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Ainsi soit-il

La messe dominicale ce n’est pas mon truc…ceux qui me connaissent bien le savent. Alors autant dire que quand j’ai proposé à ma belle-sÅ“ur adorée Josefina, d’aller à la messe du village de Chacras de Coria dans la région de Mendoza où nous trouvions samedi soir, elle a écarquillé les yeux…un ange passe…j’enlève mon couvre-chef et pénètre dans le lieu sacré. Parce qu’il est parti trop vite, sans que je ne puisse lui serrer la main une dernière fois, parce que je rentrerai sans doute trop tard pour lui rendre un dernier hommage, ce soir j’ai envie de me recueillir en pensant à mon ami, étoile nouvelle brillant dans le ciel. La messe dominicale ce n’est pas mon truc….ceux qui me connaissent bien le savent. Pourtant ce soir-là, les chants de l’assemblée m’ont emportée. Je n’ai pas chanté…je ne chante jamais en français…imaginez en espagnol…j’ai juste savouré l’émotion d’une messe, sur fond de guitare, comme on n’en voit peu dans les villages de France. Le cÅ“ur serré, les yeux débordant de larmes, je me suis laissée emporter par les chants d’une paroisse radieuse de fraternité, jeunes et vieux, parents, enfants, familles, venus chercher leur dose d’opium. Un opium qui apaise la peur de lendemains difficiles, qui recentre sur des valeurs fondamentales, qui ralentit le rythme d’une semaine passée à courir, un opium qui adoucit la tristesse des deuils. Je me suis laissée emporter par la jovialité  d’un curé transformé en apôtre d’un mieux vivre ensemble,  exprimant sa crainte devant une société  devenue esclave de technologies emprisonnantes, privant chacun de la vraie liberté, celle de décider et penser par soi-même, un curé qui parle de protection de la nature par respect des générations futures, de lutte contre le gaspillage et de sobriété. La messe dominicale ce n’est pas mon truc…ce n’était pas le sien non plus, mais je crois que comme moi, il aurait aimé la partager.

 

A Patrick,

Juillet 2015, Argentine

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