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Comme un oiseau

Volando por el aire

 

 

 

Vendredi 15 août 2014

9h12 du matin, j’entends le petit son qui m’alerte qu’un message est arrivé sur mon téléphone.
C’est Josefina, ma belle-sœur adorée : « Prépares-toi on part ! ll dit que les conditions météo sont fantastiques»
Ce matin, mon café avait un goût d’adrénaline.
Me voici en route après deux premières tentatives, pour deux heures, traversant el camino del cuadrado, pour atteindre le chemin de terre de 8km direction Cuchi Corral, endroit mythique où se réunissent les quelques fous de la vie qui partagent ce privilège naturellement réservé aux oiseaux, VOLER.
Cette hirondelle aux ailes brisées, qui essayait en vain d'apprendre à marcher, peut encore voler...
Oui, aujourd’hui, je vais voler. Je me suis longuement demandée pourquoi cette irrépressible envie me prend brutalement ici, en Argentine, au cœur de la pampa. Au départ, c’était juste un trip extrême dans la logique de l’ascension de Machu Pichu. Mais la Découverte de Cuchi Corral, il y a plus de deux mois, fut comme une révélation. C’était là. Cette immensité appelait à la rencontre avec moi-même, ce vide m’attirait … Remplir le vide en s’y jetant…Même pas peur ! même après le « maman, tu vas revenir, hein ? » de mon petit CHE. Je n’ai aucun doute, aujourd’hui ma place est là…au milieu du ciel…le regard perdu dans l’immensité du paysage, les pieds dans le vide, les cheveux au vent, les yeux mouillés par les larmes écoulées..
Et puis c’est aujourd’hui, la veille de mon retour en France, tout un symbole, la voile bleue blanche rouge de Mariano, l’instructeur ayant participé à divers championnats du monde, se dresse et décolle mes pieds de la terre ferme pour suivre le vent, je vole, je vole, JE VOLE !!!
Quelle sensation de liberté magnifique, de tranquillité, je sens tout d’un coup comme une paix là-dedans, le souffle du vent me berce comme une douce mélodie…mon cœur est gonflé à bloc…et puis cet aigle qui plane juste à côté… l’air de rien …c’est tout simplement extraordinaire.
Parfois on part au bout du monde, pour éluder la rencontre avec soi-même, et parfois, c’est au bout du monde, au bord d’une falaise qu’on se découvre, fort et vulnérable à la fois.
Vulnérable je suis, vulnérable je resterai probablement, tant que je serai en vie… Mais au moins je perçois le moindre des murmures inaudibles de la vie…
Désormais je n’en ai ni crainte ni honte, j’essaye de ne point trop en souffrir, de vivre, de frissonner et de vibrer avec elle, et de la laisser me relier aux êtres, aux éléments…comme aujourd’hui quand ce vent thermique nous emporta haut très haut, à plus de 5m/par seconde, et que j’ai pris conscience que ma vie était entre les mains de Mariano que je connaissais depuis 20min.

Une fois sur terre, j’ai continué à planer pendant de longues heures.
Ce soir, les poussières d’ombres, le vent les portera…

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