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Cordoba, la pause feu rouge

Lundi 03 juin 2014,


Il est assis sur le bord de la route, les yeux plissés par la lumière du soleil qui le réchauffe. Sa peau brune, est tannée par les heures qu’il a passées au soleil. Il semble tellement l’apprécier cette cigarette que je ne veux pas lui gâcher cet instant. Elles coûtent si cher les cigarettes. Et pourtant …ma voiture, fenêtre conducteur ouverte, s’arrête à moins d’un mètre de lui, celui qui vient des quartiers sans nom de rue, des bidonvilles aux alentours, celui qui passe plusieurs heures par jour à laver ces vitres d’inconnus qu’il ne reverra sans doute jamais, simplement pour vivre, survivre…
C’était l’instant de pause au feu rouge de la Rafael Nunez.
Je l’observe, je le regarde, avec compassion, gentillesse, parce que malgré ses guenilles, je le trouve beau. Alors qu’au démarrage de l’auto, je passe à son niveau, il me lance un « Hola » auquel je réponds avec bienveillance. La générosité ne passera pas par l’argent: la présence, le sourire, le regard sans jugement que j’avais auparavant posé sur lui. Le sourire qu’il me renvoya illumina le reste de ma journée.
Un peu plus loin, à 200 m, trois mousquetaires d’une dizaine d’années, assurent le spectacle d’acrobaties et de jongleries au croisement du Shopping. Ces enfants des rues, on les compte par centaine à Cordoba, deuxième métropole de l’Argentine. Acrobates, clowns, jongleurs, vendeurs ambulants, cracheurs de feu, ou plus communément laveurs de vitres, ils assurent la pause « feu rouge » à chaque grande intersection. Ils font presque désormais partie du code de la route tellement leur activité s’est institutionnalisée à l’image de ces gardiens de stationnement, totalement illégaux mais qui font leur loi. Pour quelques pesos encore, certains risquent parfois leur vie, comme cet enfant, adorable, courageux, qui, pour quelques coups de raclette nécessaires achevant correctement son « travail » a failli mourir, hier devant mes yeux, sous les roues d’un énorme 4X4 ne lui laissant même pas le temps de rejoindre l’autre côté du trottoir...les riches sont pressés…allez ouste!! …du balai!!… Alors qu’on entendit résonner très loin sur l’avenue un « ENFOIRE !!! » à l’accent français…le petit rejoignait sa fratrie tétanisée sur le bas-côté…

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