le respir des mots

[Les godasses crottées]

Mais qu’est-ce que je fous là ? Pas un seul visage connu.

Des beaux habits du dimanche et des tenues bien réglées. Une file de cheveux argentés (c’est plus poli…il paraît). Pas un seul camarade à l’horizon, pas un seul écolo, même pas un petit babacool ou autre zadiste qui m’aurait laissé espérer que je n’étais pas la seule infiltrée dans ce bureau de vote. Je ne me sens pas super bien…là …j’avoue. C’est la première fois de ma vie ( ok la deuxième, forcée aussi!) que je vais voter à droite. Je me tire ou je reste ?. Non, je reste. On me donne le droit de vote pour ces primaires alors je le prends, je le prends comme on prend une bière cul sec, sans m’attarder. Choisir le moins pire pour le second tour des prochaines présidentielles. Eviter un second Trump.
C’est la première fois de ma vie que je vais voter à droite et j’ai mis ma plus belle tenue…je ne pouvais pas faire mieux.
C’est entre le 6ème et 7ème km que je suis allée voter, en sueur, la morve au nez et les godasses crottées…
Des godasses bien crottées laissant au passage l’empreinte fraîche d’une Terre en souffrance, saccagée et piétinée par les intérêts d’une économie ultralibérale dévastatrice. L’odeur aigre de mes aisselles se fond dans celle de la mort, la mort annoncée d’un système à bout de souffle. La morve au nez, collante comme la glue …ces vieux politicards attachés au pouvoir depuis des dizaines d’années.
J’ai mis ma plus belle tenue pour aller voter, bien crottée parce que cette politique-là, elle colle et elle pue …comme les colombins des chiens oubliés sur les trottoirs.
Il me manquait juste une pince à linge…celle-là je me la garde pour les présidentielles.