Evasion en cuisine

Sa première œuvre d’art accrochée au mur, un dinosaure qui ne l'a jamais été, transformé en tâches arc en ciel et en fils dorés, une horloge symbole d’un mariage traversant le temps au fil des minutes depuis 14 ans ( les piles ont été changées…faut pas rêver quand même !), les définitions des mots « GOURMANDISES » et « DEGUSTER » qui donnent envie de cuisiner, les amis déguisés agglutinés sur des Photomatton sur le frigo, l’odeur du bouquet de menthe du jardin, le vespa aimanté offert récemment d’un retour de Sicile en attendant d’en avoir un vrai, l’horaire de la piscine parce qu’on y va souvent, la feuille d’impôt que l’on déteste, le pain rassis qui fera le bonheur des poneys du chemin voisin pendant la cueillette des mûres, le panier d’amandes et de noisettes que l’on picore de temps en temps, les poires du jardin momifiées, les avocats délicieux qui finiront bientôt en guacamole, les torchons sales, la levure de bière conseillée par ma prof de yoga, l’acérola pour l’hiver, la bannette fourre-tout de la fête des mères 2015, les stylos pour l’inspiration, le rouleau de papier cul recyclé dans l'atelier d'Anita en hibou coloré, victime d’expérience de vol en parachute maison, la photo d’une petite fille de 4 ans née en 1975 avec son tee-shirt jaune « DA MGAN - BREIZ», les pierres et minéraux ramassés lors de nos voyages, la cage de Cahouette et son sac de Cumi Nature, lapine qui, si elle continue ses conneries comme bouffer les câbles de la livebox, finira sur le barbec de l’argentin, la bouteille de Goulade à moitié pleine de la cuisinière, la bouilloire qui siffle quand l’eau est prête, les matés qu’on n'utilise pas assez, le blender pour les soupes d’hiver que les enfants adorent, le Magimix qui a chauffé lors de la Disco soupe d’avril dernier, le programme du Cirque Théâtre d’Elbeuf pour rêver encore cette année, les livres de cuisine qui m’inspirent, le hérisson aux cure-dents souvenir du temps passé, le poisson dans la boule neige que l’on ne secoue jamais, les graines de courges à portée de main, l’indispensable cafetière qui réveille les morts, la poche d’eau du dernier entraînement en train de sécher, les fruits secs pour les coups de mou, les piments du jardin séchés par maman, les vieux pots en verre des années soixante dix que je lui ai piqués, la bouteille siphon de soda vintage, rose fuchsia gravée du mot « Lourdes » négociée chez monsieur Bonnet, un antiquaire aux ancêtres français de San Telmo à Buenos aires, les pots de confitures de pêches réalisées hier où manquent encore les étiquettes, l’odeur du hachis de viande sur lit de courgettes de ce soir…par la fenêtre la mangeoire, arborée de laurier, les amarantes décorant le potager, au loin les cris des martinets, le vol des hirondelles sur le point de se rassembler pour le grand voyage…et vous ? Avez-vous voyagé dans mon univers ? C’est pas l’Afrique mais c’est tout aussi exotique…