le respir des mots
[GONDOLE’S LAND]
« Tu nous envoies une photo de gondole, hein ? »
Vu mon goût pour le tourisme de masse, rien n’était moins sûr…
Mais j’avoue qu’aller à Venise sans faire « The touristic promenade in gondole », c’est un peu comme manger des moules sans les frites, il nous manque quelque chose… enfin …des frites sans les moules c’est très bon aussi….
Ce jour-là , nous avons eu de la chance, nous sommes tombés par hasard sur Livio, sexagénaire caché au coin d’une ruelle, maillot raillé bleu marine, canotier sur le chef, sourire enchanteur et un parfait français me laissant espérer quelques échanges sur ce monde insolite des gondoliers. Parce qu’il faut bien l’admettre, une fois qu’on est installé dans la mythique embarcation, on se laisse emporter dans leur « monde » celui de l’histoire de La Sérénissime, du grand canal avec des façades de somptueux palais ayant appartenu aux richissimes marchands, des styles renaissance ou vénitien-byzantin, un monde de ruelles aux sous-bassements recouverts de coquillages qui n’ont pas laissé indifférents les enfants imaginant la vie sous-marine grouillant sous les canaux. On écoute les histoires fantastiques de Casanova trouvant refuge chez ses multiples maîtresses, les rumeurs terrifiantes de certaines sombres ruelles, on entend au loin une sérénade dédiée à des tourtereaux russes, et puis, si on se concentre bien…apparaissent au fil de l’eau, pour ne pas dire des saisons, ce serait trop facile, des Vivaldi, Galuppi ou autres génies de l’opéra…
Mais, au dernier coin de rue, le charme se brise… on se retrouve à la queue leu leu…comme des neuneus à Gondole’s Land…pas moins d’une dizaine de gondoles qui se suivent sur le parcours chronométré, 30 minutes c’est 30 minutes ! On replonge dans ce Venise englouti sous un tourisme de masse vomi par des paquebots de 60 m de haut, qui malgré les textes et l’opposition citoyenne continuent d’abîmer les berges un peu plus chaque année…alors vite…on fuit en courant...on cherche autre chose.
Si on cherche bien, Venise la discrète, l’authentique existe…nous l’avons adorée...